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Psychologie

Votre insomnie est en train de vous réveiller

7 février 2008

Stéphanie Lalanne

«Je n'ai pas dormi de la nuit. Je suis crevée avant de commencer ma journée. – Ah oui? Pourtant, quand je me suis levé cette nuit, tu dormais à poings fermés. – Tu en es certain? – J'te jure.»

Ça vous est arrivé. Vous le savez : l'insomnie, c'est la perception d'un sommeil non réparateur. Comment se fait-il que vous ayez l'impression d'avoir passé une nuit blanche, même si on vous assure que vous avez dormi, surtout si ce manque de sommeil dure depuis quelque temps? Vous ne sauriez dire depuis quand, mais ce n'est pas d'hier. Vous avez du mal à vous endormir; ou votre sommeil est fragmenté; ou encore, réveillé, à l'heure des oiseaux, vous n'arrivez pas à vous rendormir… ou alors seulement 15 minutes avant que le réveil-matin ne vous bouscule. Peu importe le cas de figure, vous ne dormez pas suffisamment. À la longue, votre santé et votre humeur s'en ressentent. Le cercle vicieux s'installe : la crainte de ne pas dormir vous tient éveillé.

Briser l'appréhension

Évidemment, chacun sait que le café, la nicotine, l'ordi ou toute autre drogue nuisent à la qualité du sommeil. Les médecins nous le répètent : «Allez au lit pour dormir.» Bon… je vous entends rire, mes rigolos au fond de la classe! Je poursuis : si au bout de 20 minutes, vous ne dormez pas, levez-vous et faites une activité calme. Si le problème perdure, explorez-en les causes : les soucis, le stress ou l'anxiété, bien souvent. Détendez-vous avant l'heure du coucher. Entre autres façons, celle proposée il y a quelques minutes par nos coquins du fond de la classe s'avère excellente en autant que les partenaires soient consentants… Si on est seul, les mantras, la relaxation ou les exercices somatoformes donnent de bons résultats.

Subtilités

Mon amie Claire, qui a exploré la chose, croit que c'est sa façon de se donner du temps. Elle en manque. Alors, quand toute la maisonnée est endormie et qu'elle se réveille au beau milieu de la nuit, elle savoure les précieuses minutes que personne ne lui réclame. Elles sont bien à elle : «Je peux prendre toute ma place.» Jérôme en profite pour écrire. Annabelle, pour dessiner. En toute quiétude. Louis le traduit ainsi : «L'émotivité a toute la cour à elle.» Quand vient l'heure d'aller au boulot, ces quatre-là se sentent rechargés et prêts à entreprendre leur «service à la communauté». Leur journée a commencé de façon nourrissante. En se faisant plaisir, ils ont cumulé des réserves d'énergie dans lesquelles ils pourront puiser pour donner et produire.

La traversée du miroir

Écoutez une autre histoire, encore plus étonnante. Fabienne me raconte la peine qu'elle vivait et l'espoir qui est revenu. Depuis quelque temps, elle avait un «blocage» : elle ne pouvait plus peindre. Ce qui lui manquait beaucoup. Un malheur n'arrivant jamais seul, dit-on, elle s'est mise à souffrir d'insomnie. Au point où elle a consulté. La réaction de son thérapeute? «Votre insomnie est en train de vous réveiller, Madame. Et de vous révéler. Quand vous allez retrouver votre créativité, vous pourrez dormir.» Quelle trouvaille! Paradoxalement, explorer ce qu'elle vivait dans la nuit l'a ramenée à la lumière. Elle a découvert «de nouvelles pièces de son château intérieur». Sa vitalité est revenue et, avec elle, son processus créateur. Là où elle voyait un mur, elle a trouvé un nouveau filon qu'elle suit, avec ravissement, jour après jour. Le thérapeute avait raison : elle prépare une exposition pour le printemps… et elle dort comme une princesse.

La traversée du miroir : une fois l'obstacle levé, le courant circule à nouveau, ça coule de source. L'inspiration revient et, avec elle, toute une gamme de couleurs… pleine de délices.

En collaboration avec le Service de psychologie et d'orientation